Hongu

Lundi 2 avril 2018

Nous quittons la ville pour faire une retraite de 2 jours à la campagne dans la péninsule de Kii. Cela fait du bien de quitter la métropole de Osaka pour parcourir des villages au pied des montagnes. Bon, la tranquillité se mérite : 2 heures de train puis 2 heures de bus et notre hôtesse Yuki vient nous chercher à l’arrêt de bus. Durant le trajet en train nous longeons la mer et nous apercevons même  quelques surfeurs ! C’est la première fois que nous voyons des surfeurs japonais. Bon en combinaison manches longues à attendre la vague, ils ressemblent aux surfeurs de l’Oregon.

Le trajet en bus est un enchantement même pour Stéphanie qui craint les virages. La route serpente entre les montagnes, les pentes couvertes de végétation variée: surtout pins mais aussi bambous ou feuillus dont certains encore en fleurs, en contrebas coulent des torrents, à chaque vallée se love un village et des champs, le tout sous le soleil et le vol plané des rapaces.

La péninsule de Kii est connue pour le Kumano Kodo. Le quoi? Kumano Kodo, chemin de pèlerinage comme Saint-Jacques de Compostelle en Europe. C’est d’ailleurs classé à l’Unesco. Depuis plus de mille ans, les Japonais et même les empereurs ont suivi cet itinéraire sportif et spirituel. Les temples sont aujourd’hui bouddhiques mais l’héritage religieux est bien plus ancien. Les déités shinto, les kami, habitaient la péninsule montagneuses depuis des temps immémoriaux. Et quand le bouddhisme est arrivés ils se sont incarnés en manifestations de Bouddha. Un exemple parfait du syncrétisme japonais. Cette capacité à intégrer et vivre plusieurs religions sans conflit.

L’accueil de Yuki est fabuleux, elle vient nous chercher à l’arrêt de bus chaque jour, elle a toujours le sourire, elle nous offre ses bons produits….

Nous avons la maison traditionnelle pour nous tous seuls et donc pour une fois une vraie cuisine avec de grandes casseroles. Et comme Yuki nous a approvisionnés en légumes du jardin et en pain de sa boulangerie bio, nous sommes comme des rois. Nous allons cuisiner des légumes que nous ne mangeons jamais : topinambours et choux chinois en fleur. Et dans les légumes plus classique une belle salade, des oignons nouveaux et un chou vert. De quoi faire un bon ragoût. Cela change du riz!

Mardi 3 avril 2018

Randonnée le matin jusqu’au sanctuaire de Hungu Taisha, un des principaux temples objet de pèlerinage qui vient de fêter ses 2050 ans… Les fêtes de célébrations auront lieu dans 10 jours et nous pouvons entendre un artiste répéter les morceaux sacrés sur sa flûte traditionnelle. Les rites sont très anciens. La tradition veut que les pères de garçons de trois ans les portent lors d’une procession d’un petit sanctuaire jusqu’au sanctuaire principal Hongu Taisha. L’esprit des dieux protecteur descend sur la tête des enfants pourvu qu’ils ne posent pas le pied à terre de tout le parcours. un défi pour les papas porteurs. Il y a 20 ans les familles du village défilaient, mais avec l’exode des jeunes vers les villes il faut maintenant chercher les candidats à la procession dans toute la péninsule.

Le temple Hongu Taisha est le plus important et le plus grand du pèlerinage. Au sommet d’une colline il se découvre après une courte grimpette d’un escalier monumental. Pourtant initialement il était dans une boucle de la rivière mais les inondations l’ont repoussé sur les hauteurs. Aujourd’hui seul le très grand Tori est à sa place originelle. Les photos sont interdites au sanctuaire lui-même, austère en bois sombre, pour vous faire une idée:

http://www.tb-kumano.jp/en/world-heritage/kumano-hongu-taisha/

Bus jusqu’à Watarase où nous expérimentons notre premier onsen, tout nus ! Ce n’est pas si facile de trouver le onsen. Le onsen Watarase est célèbre pour son grand bain d’eau chaude naturelle. Pour le rejoindre il nous faut d’abord prendre un bus. Nous indiquons notre cible au chauffeur qui nous dépose à l’arrêt le plus proche. L’arrêt est au milieu de… rien ! Un bord de route sans panneau. En observant en contrebas, nous voyons des bâtiments, cela semble être par-là. Nous descendons la route et traversons un no mans land. Personne… bizarre. Visiblement nous sommes hors saison ou alors tout le monde est encore sur les chemins de randonnée. Nous sonnons à l’accueil de 2 hôtels avant de trouver au bout d’une allée la machine où acheter les billets d’entrée pour les bains.

Les Japonais sont fanatiques des machines, des distributeurs en tous genres: café, boissons, snacks bien sûr mais aussi glaces, frites et fritures (stockées surgelées et cuites par la machine à la demande), tickets pour payer et commander son plat au restaurant… et nous en découvrirons peut-être d’autres.

Donc ici une petite dame nous aide à prendre nos tickets. Soyons honnêtes, pour notre premier bain nous sommes un peu timides, et même si nous avons pu observer qu’il n’y aura pas foule dans les bassins (les parkings sont quasi vides et nous sommes les seuls à être descendus du bus ici), nous réservons un bain privatif. La petite dame insiste pour que nous allions d’abord aux toilettes. Car il n’y en pas dans la zone des bains privés.

Ceci fait, elle prend ses clés et nous montre les quatre bains privés comme ils sont tous libres nous pouvons choisir le plus grand. C’est le luxe, nous avons notre bassin, une douche avec shampoing, un vestiaire, le grand air, un arbre pour nous faire de l’ombre. Tout est à nous pour soixante minutes. Concrètement c’est chaud. C’est très chaud et aujourd’hui la journée est chaude. Ah les Japonais savent vivre…