Nara

Samedi 7 avril 2018

Trajet en train vers Nara via Kyoto avec pour paysage la mégalopole d’Osaka, la verdure réapparait quelques minutes avant notre correspondance à Kyoto.

Pour la première fois de notre séjour nous avons réservé un ryokan, une auberge traditionnelle. Nous n’avons pas pris la version grand luxe avec haute cuisine ou onsen privé mais nous sommes déjà impressionnés par le charme des lieux. L’ensemble des bâtiments est de style traditionnel en bois.

Un jardin “manucuré” est à l’intérieur. Quand je dis manucuré, je n’exagère pas, nous avons vu le jardinier soigner méticuleusement la pelouse avec une fourchette pendant plusieurs heures : au ras du sol, il guette et arrache les mauvaises herbes une à une.

Bien sûr, comme partout au Japon, vous enlevez vos chaussures à l’entrée pour mettre des chaussons fournis par la maison. Ensuite vous vous déchaussez encore à l’entrée de la chambre, en chaussettes ou pieds nus sur le tatami. Et pour les commodités vous avez encore une autre paire de sandales dédiées qui vous attendent à l’entrée des toilettes.

La chambre est chaleureuse, toute en matières naturelles : tatami de paille de riz, bois, mur traditionnel. Les lits sont des futons, à dérouler. Nous avons aussi des yukatas (pyjama et robe de chambre), et un nécessaire à thé (thermos, petites tasses, thé vert en fines feuilles).

Le matin, à l’heure prévue, une table basse et des coussins nous attendent dans la salle joliment décorée pour déguster une grande variété de petits plats dans de délicats plats de porcelaine colorée. Le petit-déjeuner à la japonaise du ryokan ressemble beaucoup à celui que nous avons dégusté à Okinawa : une soupe, du riz, divers légumes, algues et salades composées, du thé, de l’omelette. Une concession à l’Occident : un yaourt !

Le jardin Isuien est composé de trois parties: un jardin de l’époque Edo (1670), un jardin de l’époque Meiji (début XXème) et un musée. Le plus beau est le jardin de l’époque Meiji : le ciel noir de nuage offre un écrin magnifique, Stéphanie se régale, des fleurs, des carpes et des photos. Nous vous laissons profiter des belles images ! Pour le musée, déception, les œuvres du catalogue exposées en ce moment sont des ouvrages de poésie, bien sûr en VO et sans explication en anglais. Bref la visite a duré peu de temps (7 minutes). Nous espérions de jolies poteries et céramiques céladon tant pis.

 

Dimanche 8 avril 2018

Nous prenons le petit-déjeuner le plus tôt possible pour arriver avant les bus au Todai-ji, le temple où se trouve le Daibutsu, le grand Bouddha. Il est si grand que pour l’abriter les Japonais ont construit le plus grand édifice en bois du monde. Voyez la taille des piliers ! C’est monumental, comme nos cathédrales mais tout en bois.

La légende dit que la construction a mobilisé 2 millions de paysans, les historiens confirment en tout cas que cela a mené le pays au bord de la ruine. Imaginez au VIIIème siècle ce bâtiment immense, abritant une statue gigantesque et entièrement couvert de feuilles d’or ! La star mesure près de 15 mètres et ses yeux entrouverts vous regardent sans ciller. Une vision impressionnante même après avoir vu les photos et lu le guide, le voir en vrai est saisissant même si la statue est “simplement” en bronze aujourd’hui.

Le Daibutsu n’est pas la seule merveille du lieu : les lotus en bronze à ses pieds sont aussi gravés de scènes pour présenter le bouddhisme, comme nos vitraux d’églises en Europe destinés au catéchisme des croyants illettrés. Le Daibutsu est flanqué de 2 Bouddhas dorés et au-dessus de lui 12 Bouddhas dorés lui font comme une auréole.

Bouddha a aussi 2 gardiens Nio impressionnants, 2 statues immenses en bois, Komokuten et Tamonten : Komokuten, écrasant à ses pieds le démon de l’ignorance, symbolise la sagesse avec son nécessaire à écrire. Tamonten porte une pagode pour représenter le réceptacle de la divine sagesse. Comme il n’y a pas encore beaucoup de monde, Stéphanie en profite pour faire trois fois le tour du Todai-ji.

L’un des piliers géants présente un trou de 50 cm, la largeur de la narine du Daibutsu. La légende raconte que quiconque passe par ce petit trou reçoit l’illumination de la sagesse bouddhique. Alors religieux, ou pas, les touristes petits et moins petits tentent la gymnastique. Éclats de rire garantis !

Le musée du Todai-ji permet d’en savoir beaucoup plus grâce à un bon audioguide en anglais, cela change des musée où les pancartes sont rares et encore plus rarement traduites en anglais. Par exemple la position des mains du Daibutsu signifie “n’ayez pas peur” et “bienvenue”. Un message universel.

Le plus impressionnant est le récit de la cérémonie d’inauguration du temple. Il est incroyable que toutes ces informations soient parvenues jusqu’à nous ! Le nombre de danseurs, les masques des comédiens, le déroulé de la cérémonie, les offrandes. La cérémonie d’inauguration de la statue est ainsi concrète pour le visiteur. Un peintre a apporté la touche finale en public et à son pinceau une longue corde était attachée pour que les dignitaires puissent tenir cette corde et participer cette cérémonie “d’ouverture des yeux”. Car la dernière partie peinte en public étaient les yeux. Et lorsqu’on voit le Bouddha encore aujourd’hui ses yeux sont impressionnants.

Nous allons ensuite à la porte Todaiji Nandaimon et surtout ses 2 immenses statues en bois des gardiens Nio. Sculptées au XIIIème siècle, le nom de leur sculpteur est passé à la postérité : Unkei. Dommage qu’un grillage de protection gène la contemplation, mais cela évite que des fans comme Stéphanie ne volent les statues.

A Nara nous n’avons vu que les quartiers traditionnels et les temples, dormi au ryokan Seikanso et la partie moderne de la ville nous est restée invisible, c’est magique ! Et la foule était moins pressante qu’à Kyoto, c’est parfait de dormir sur place et d’arriver parmi les premiers devant le grand Bouddha.

C’est aussi là que nous avons fait les boutiques pour trouver quelques jolies petites choses à envoyer comme cadeaux en France. Tant de tissus, sacs, porcelaines, katanas, sucreries si délicatement présentés. Et même des produits exotiques: mode française, artisanat perse ou boulangerie allemande. Et la gentillesse à la Poste pour les expédier : 2 postières s’empressent pour nous aider à trouver l’emballage adéquat et l’affranchissement adapté, tout cela sans parler anglais.

Cette fois elles utilisent non pas un smartphone mais un dictionnaire papier précieusement rangé dans un étui dans un tiroir pour nous poser les bonnes questions. Elles s’occupent pour nous de refermer les paquets et les déposer, et le tout avec force sourires et formules de politesse (“arigato gozaïmass”).