Okayama

Dimanche 25 mars 2018

Nous quittons Hiroshima pour rejoindre en Shinkansen la région d’Okayama où nous passerons 4 nuits dont les 2 premières à Kurashiki (https://www.airbnb.fr/rooms/7083014). Kurashiki est une “petite ville de banlieue” pour le Japon avec ses 400.000 habitants et abrite le très joli quartier historique Bikan.

En cette fin de dimanche après-midi, nous nous baladons le long du canal avec tous les touristes qui viennent s’y faire photographier avec les arbres en fleurs, les barques, les ponts en pierre façon Rialto, les pousse-pousses et les mariés en habits traditionnels :

Notre hôte nous attend à la sortie de la gare. Nous logeons 2 nuits chez un couple de retraités qui seront aux petits soins pour nous : thé et biscuits à l’arrivée, ils s’assurent que nous avons dîné et nous préparent un petit déjeuner traditionnel chaque matin. Bien sûr ils ne parlent pas anglais et nous parlons seulement quelques mots de japonais. Pourtant nous arrivons à discuter grâce à nos mimes, nos photos sur le blog et le traducteur automatique sur leur smartphone.

 

Mardi 27 mars 2018

Nous commençons la journée avec le jardin Koraku-en : les cerisiers sont en pleine floraison (“hanami”), c’est sublime. De nombreuses familles japonaises en profitent pour pique-niquer sous les fleurs rose pâle.

Le jardin a été créé en 1687 pour un seigneur local, le jardin n’était alors ouvert au public que quelques jours de fête chaque année. Bien sûr le jardin a été très endommagé en 1945 mais son plan et son histoire, très bien documentés, ont permis une reconstruction conforme au plan de l’époque Edo. Nous passons un long moment au Ryu-ten, un pavillon traversé par un ruisseau. Un peu d’ombre, le bruit de l’eau, le paysage des cerisiers sous les yeux, c’est le nirvana.

Les enfants s’amusent à nourrir les voraces carpes multicolores. De jeunes couples se font photographier en tenue traditionnelle par un photographe professionnel, ils sont assez gentils pour se faire prendre en photo avec des touristes catalans, un couple qui fête ses 50 ans de mariage. Les grues avaient disparu lors de la Seconde Guerre Mondiale mais elles sont désormais réintroduites et élevées avec succès dans le jardin.

Nous déjeunons de nouilles udon maison sur une terrasse en surplomb de la rivière Asahi. Après le déjeuner nous visitons le château du XVIème siècle, appelé Château du corbeau pour sa couleur de laque noire. Seule la tour d’observation de la Lune a été miraculeusement épargnée en 1945. Le donjon et 3 portes ont été rebâties en 1966. Nous ne retenons rien du musée car les explications sont exclusivement en japonais pour les vidéos, les étiquettes et les documents présentés.

Okayama est célèbre pour le conte de Momotaro qui peut être résumé ainsi :

“Il était une fois un vieil homme et sa femme qui vivaient ici. Un jour, la femme ramassa une grosse pêche dans la rivière et la ramena chez eux. Alors qu’elle coupait la pêche, un bébé en sortit. Ils le nommèrent Momotaro. Une fois devenu adulte, Momotaro décida de débarrasser la région de tous les démons. Au cours de ses aventures, Momotaro rencontra un chien, un singe et un faisan et partagea avec eux un kibidango (boulettes recouvertes de farine de graines de soja). C’est ainsi que Momotaro et les animaux devinrent amis et s’allièrent pour combattre les démons. En unissant leurs forces, Momotaro et ses amis chassèrent tous les démons de la région et le vieil homme et sa femme vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours.”

Morale de l’histoire : si tu veux chasser des démons, apprends à cuisiner les boulettes de soja 🙂

Mercredi 28 mars 2018

L’objectif de la journée est la visite de l’île de Naoshima. Pour sauver l’île de l’exode rural, au début des années 1990, un projet artistique innovant a été lancé par la fondation de la société Benesse. Le Benesse Museum (http://benesse-artsite.jp/en/) a ouvert en 1992 et son implantation a ensuite attiré d’autres musées d’art contemporain à Naoshima. Grâce à ces arrivées, l’ancienne île de pêcheurs est désormais une destination mondialement courue pour l’art contemporain.

Parvenir à Naoshima se mérite. Bien que l’île soit une destination très touristique, l’accès n’est pas vraiment facile. Trouver des trains entre Okayama et Uno est aisé, ce qui est délicat est la correspondance avec le ferry. Comme nous sommes aussi véloces que Usain Bolt, nous arrivons les premiers au guichet et avons tout le temps de choisir notre place sur le bateau pour avoir la plus belle vue sur la baie et ses îles.

La mer intérieure de Seto ressemble à la mer Ionienne, l’eau est turquoise et marine, les îles sont escarpées et la végétation semble méditerranéenne, l’herbe est déjà sèche alors que nous ne sommes que fin mars, plages de sables blond et rochers. Ce qui est typiquement local dans le paysage sont les rhododendrons fuchsia déjà en pleine floraison.

A peine débarqués, nous nous consacrons à la priorité : trouver où déjeuner. Les nourritures terrestres avant les nourritures spirituelles. Les deux sont faciles à concilier puisque nous ciblons le restaurant du Benesse House qui est le musée emblématique de Naoshima. Ce n’est pas tous les jours que nous pouvons déjeuner face à une œuvre originale d’Andy Warhol et la mer. Le plateau dégustation est une merveille, la présentation est raffinée et les plats exquis.

La promenade de ¾ d’heure jusqu’au musée est agréable le long de la côte avec des plages à l’eau transparente puis sur les hauteurs avec vue sur les autres îles de la baie, ça grimpe ! Le Lonely Planet recommande de louer un vélo pour se déplacer, ouh là là bien trop pentu pour les mollets de Stéphanie !

Le Benesse House est aussi un hôtel avec 2 restaurants et des projets réguliers d’artistes contemporains en résidence. Certaines œuvres sont donc directement peintes ou montées sur les murs ou les sols du musée, intransportables ! Elles sont toutes inspirées par l’environnement local, L’expérience des artistes comme  Richard Long et Jannis Kounellis sur les chemins, les plages, face à la mer.

Le musée comporte 3 étages et des œuvres en extérieur jusque sur la plage. C’est d’ailleurs l’image la plus célèbre de l’île : la citrouille jaune de Yayoi Kusama. Très photogénique sur fond de mer bleue. Nous avons particulièrement apprécié les œuvres de Yukinori Yanagi : « the world flag ant farm 1990 » et « Banzai corner ». Les deux œuvres, derrière un aspect ludique, donnent a réfléchir sur la géopolitique. Malgré notre ignorance de l’art contemporain, nous avons reconnu les œuvres d’Yves Klein, Christo, César, Giacommetti, Niki de Saint Phalle, Jean-Michel Basquiat.

Naoshima accueille 3 autres musées d’art contemporain mais pour pouvoir vraiment en profiter il faudrait en voir un par jour. Nous quittons l’île repus de beauté et de réflexion…nous dépêchons d’attraper le ferry et le train.