Okinawa

Dimanche 4 mars 2018

Nous arrivons tôt le matin à Naha sur l’île principale de l’archipel d’Okinawa sans avoir dormi après avoir passé le début de la nuit à l’aéroport et le reste dans l’avion. Et là nous sommes tout de suite dépaysés car nous ne comprenons rien ni à l’écrit (très peu de mots écrits en caractères latins) ni à l’oral (les Japonais qui parlent même quelques mots d’anglais sont des exceptions).

Le chauffeur de taxi ne comprend pas l’adresse du B&B écrite en caractères latins, heureusement il a pu traduire l’adresse en japonais avec l’aide de son téléphone. Non il ne s’agit pas de technologie moderne comme Google Translate mais notre taxi a appelé le service touristique de traduction, un charmant speaker nous demande notre adresse en anglais puis nous rendons l’appareil au chauffeur pour qu’il puisse écouter la traduction. Aussi il nous dépose pas loin de notre B&B. Inattendu mais efficace. 🙂

Les adresses au Japon sont complexes car composées de plusieurs numéros représentant respectivement le quartier, le pâté de maison et la rue. Google Maps ne s’y retrouve pas non plus aussi nous ne devons qu’à la couleur de l’auvent de trouver notre logement. Coup de chance la porte du B&B était ouverte sinon nous serions restés dehors car nous ne pouvons pas joindre notre hôte.

Pour quelques euros, nous déjeunons de délicieuses nouilles soba (pâtes au sarrasin, populaires au Japon comme les udon et les ramen) dans un boui-boui  au comptoir. C’est dimanche midi et il y a peu de restaurants ouverts, nous sommes entrés ici au hasard. Le troquet est riquiqui, 5 ou 6 tabourets devant un comptoir derrière lequel le cuisinier officie.

Ses soba sont excellentes et servies froides dans un bouillon au porc avec un œuf mollet. Nous voyons notre cuisinier s’activer pour cuire les pâtes puis les refroidir rapidement, un spectacle riche en vapeur. Ça semble simple mais c’est délicieux :

Le Japon compte un nombre très élevé de restaurants, il y a des troquets partout pour un prix faible et une nourriture excellente. Le restaurant du soir, au pied de notre immeuble, est beaucoup plus grand avec plusieurs salles, fumeur ou non fumeur, où on garde ses chaussures ou d’autres où il faut se déchausser. Pour pouvoir servir toutes ces tables il y a une sonnette électronique sur chacune pour pouvoir appeler une serveuse.

Nous prenons un menu dégustation avec 10 plats offrant un peu de tout façon assortiment. Tout est local : la salade de melon amer typique d’Okinawa et qui fait des centenaires grâce à ses antioxydants (goya), des algues vert citron en forme de petites boules comme des œufs de poisson (umi-budo), du tofu avec un poisson séché minuscule, du porc préparé de 2 façons différentes, du poisson grillé … :

Lundi 5 mars 2018

Trajet jusqu’à l’aéroport pour acheter une carte SIM. Le trajet est facile et agréable, il y a un monorail direct, les machines pour acheter des pass ou des tickets sont disponibles en anglais et les arrêts sont numérotés, nous ne pouvons pas nous perdre !

Comme les étrangers non résidents n’ont pas le droit d’acheter des “vraies” cartes SIM pour téléphoner, nous nous achetons une carte SIM NTT Docomo qui nous permettra au moins d’accéder aux données mobile lorsque nous n’aurons pas de Wifi. L’aéroport offre encore d’autres plaisirs auxquels Stéphanie est sensible… des jardinières d’orchidées :

A l’aéroport, nous achetons aussi nos billets d’avion pour notre prochain trajet jusqu’à l’île d’Ishigaki. Nous devons faire l’achat des billets en cash car nous n’avons plus que ma carte bancaire opérationnelle : suite à une fraude (3 retraits effectués fin février au Canada !), nous avons dû annuler la carte de Stéphanie 🙁 Et la récupération au Japon d’une nouvelle carte allait faire l’objet d’une longue, longue quête.

Mardi 6 mars 2018

Petit-déjeuner dans notre 1er B&B au Japon. Pour l’instant nous ne sommes pas trop dépaysés car le mobilier est à l’occidentale, une vraie table avec des chaises et un vrai lit. Par contre la salle de bains est déjà nippone, toute petite avec douche “en vrac”. C’est à dire il y a un rideau et un tuyau de douche mais pas de bac. Vous vous douchez devant le lavabo est ensuite floc floc…

Dans la catégorie des premières fois, nous ressentons notre 1er… tremblement de terre, assis à la table du petit-déjeuner, nous sentons nos chaises bouger quelques secondes. Bon, c’est très léger, d’ailleurs il n’est même pas rapporté dans la liste des tremblements de terre sur les applications dédiées que Stéphanie a téléchargé.

Nous prenons le monorail jusqu’au terminus nord de la ligne pour voir le château Shurijo, le palais des rois des Ryukyu. En arrivant à la station, nous déjeunons dans un boui-boui avec un matériel moderne que nous n’avions jamais vu encore. Ici le client doit choisir son plat et le payer à un distributeur. Heureusement pour nous, les touches portent les numéros des plats qui sont sur le menu, et le menu est en anglais avec des photos. Le distributeur nous donne donc 2 tickets que nous remettons au jeune serveur/cuisinier. Il nous apporte rapidement notre bol de nouilles avec micro salade et salade de melon.

Visite du château Shurijo, détruit en 1945 (bataille d’Okinawa) et reconstruit à partir de 1972 à l’identique du château du XVIIIè siècle. Nous visitons les jardins puis l’intérieur du palais avec d’autres visiteurs japonais, chinois et 2 Françaises, nous ne croiserons que rarement des Occidentaux à Okinawa. Il y a des expositions temporaires et des objets en laque avec des décorations dorées, malheureusement les explications ne sont qu’en japonais.

Nous visitons la salle du trône, les appartements publics et les appartements privés, les jardins du palais. Il faut ôter ses chaussures à l’entrée des appartements, et comme on ressort de l’autre côté du bâtiment il faut porter ses chaussures, mais c’est bien organisé car une hôtesse vous remets un sac et une autre le récupère à la sortie.

Le roi des Ryukyu est vassal de la Chine jusqu’au rattachement forcé du fief au Japon. Le nouveau roi était reconnu comme tel par l’envoyé de l’Empereur de Chine lors d’une cérémonie spécifique, le Sapposhi. Le château présente donc des styles mélangés chinois, japonais et propre à l’archipel (Ryukyu) :

Les jardins autour du château sont un curieux mélange de zen (le calme, une petite musique diffusée par haut-parleurs invisibles, quelques bancs) et de risque car il y a des panneaux “Attention aux serpents !”

Mercredi 7 mars 2018

Vol rapide d’une heure pour rejoindre l’île d’Ishigaki. Encore une fois prendre le taxi est une aventure : évidemment le taxi ne parvient pas à lire l’adresse et nous nous faisons donc déposer devant le supermarché, un bon repère dont notre hôte nous avait indiqué la proximité avec le B&B.

Pour faire la dernière partie à pied, nous allumons le PC afin d’afficher en grand la photo du quartier avec les indications que nous a envoyée notre hôtesse Erika. Heureusement ce n’est pas loin mais sans le plan nous n’aurions jamais trouvé. Le B&B est une maison japonaise en bois où trois chambres sont louées à l’étage. Les parents d’Erika ne comprennent quasiment pas l’anglais.

Jeudi 8 mars 2018

Les maisons (certaines avec des murs en pierre de corail) et les bâtiments sur l’archipel d’Okinawa sont ornés de Shisa, des statues mélange de lion et de chien, souvent disposées par paires (l’un la bouche ouverte et l’autre la bouche fermée) qui protègent des démons dans la mythologie locale.

J’essaie de faire peur aux démons comme les Shisa du mur derrière moi mais je ne suis pas sûr de faire ça aussi bien qu’eux :

Nous sommes les seuls Occidentaux sur l’île d’Ischigaki, semble-t-il, d’ailleurs quand nous faisons nos courses au supermarché les enfants nous regardent en rigolant. Les adultes sont polis et font comme s’ils ne nous remarquaient pas mais les tout-petits se tournent vers nous, nous sourient et font coucou.

Dîner au restaurant avec un barbecue sur la table, l’hôtesse tient à nous accueillir et à tout nous expliquer en japonais, quand bien même nous ne comprenons pas un mot, elle parle et s’accompagne de grands gestes.

Elle nous montre comment utiliser le matériel (pinces métallique, foyer au charbon de bois, glaçons, sauce, wasabi etc) et nous nous régalons de produits locaux: bœuf d’Ishigaki, porc local et légumes :

Vendredi 9 mars 2018

Balade pour rejoindre le café de notre hôtesse Erika en bord de mer. Cela fait plaisir de pouvoir parler un peu. Erika a vécu au Canada et parle très bien anglais. Son petit café propose des produits locaux bio et locaux. C’est joliment présenté et bien sûr délicieux. Un bon moment tout en observant les bleus de la mer, changeante avec le ciel :

Comme il sera dit que nous n’avons fait que manger pendant notre séjour au Japon (ce qui n’est pas tout à fait faux), je préfère prendre les devants. Oui nous avons aussi été dans les pâtisseries. Notre intention était désintéressée (si, si cela arrive) : nous souhaitions envoyer des gâteaux comme cadeau en France.

Okinawa et le Japon en général offrent des gâteaux aux saveurs originales (haricots rouges notamment), la spécialité d’Okinawa étant les gâteaux à la patate douce violette. Dit comme cela semble peu appétissant mais en fait c’est très bon :

Nous ressortons contents de nos achats dans la pâtisserie, entrons dans la Poste où Stéphanie provoque un éclat de rire général avec sa phrase “Do you speak English ?”. Eclat de rire en réponse à cette question car bien sûr aucun des employés ne parle un mot d’anglais et la technologie va devoir nous venir en aide : une cliente de la Poste traduit quelques mots avec son téléphone.

Mais malgré tout cela, nous ne pourrons pas envoyer l’assortiment de gâteaux en France. En effet, à la toute fin du processus, après avoir trouvé l’enveloppe au bon format, rempli le formulaire, la charmante préposée nous informe que ce n’est pas possible. De nouveau utilisation du smartphone pour traduire que la France interdit l’importation de gâteaux japonais 🙁 En désespoir de cause, nous sommes donc obligés de manger l’assortiment.

Ce soir dîner surprise, nous rentrons dans un restaurant où comme à Naha, il faut payer et passer commande au distributeur. Mais ici pas de numéro ou de photo, nous tapons au hasard. Bon, il n’y a pas trop de risques, c’est un restaurant de grillades de bœuf exclusivement, avec les mêmes accompagnements à volonté pour tous les menus (riz, riz aux haricots, salade verte, salade de pâtes, soupe miso). Stéphanie se retrouve avec un pavé et moi avec une bavette, tout va bien. La viande est excellente, tendre, juteuse, savoureuse. Le bœuf d’Ishigaki est une spécialité locale.

Samedi 10 mars 2018

Ferry pour Iriomote… au bout du monde. Comme la mer est un peu agitée notre ferry pour le nord d’Iriomote (port de Uehara) a été annulé. Nous prenons donc le ferry qui accoste au sud (Oehara), et comme  c’est bien organisé, le shuttle de la compagnie de ferry nous dépose, non pas au port mais devant notre hôtel, quel luxe! Nous sommes 4 Français dans le minibus mais après ce trajet nous ne croiserons plus un seul Occidental sur cette île.

Très peu de restaurants mais nous tombons chez un couple adorable où presque tous les plats sont des aliments locaux avec un circuit de distribution court. C’est direct du producteur au consommateur : les légumes sont cueillis à la commande dans le jardin, la viande (sanglier), le crabe et le poisson ont été chassés et pêchés par le mari qui est guide nature. Seuls les coquillages sont ramassés par l’épouse. Difficile d’échanger à cause de la barrière de la langue même si nous parvenons à nous comprendre, un peu avec l’anglais, un peu avec les gestes, un peu avec les photos sur le téléphone.

Pour la première fois nous découvrons le petit-déjeuner japonais: du thé glacé, du riz, du poisson et encore plein de petites choses salées délicieuses et joliment présentées. Nous sommes ici dans un hôtel et il est donc possible d’y prendre le petit-déjeuner ou la demi-pension.

A un gros quart d’heure à pied au nord de notre hôtel, nous découvrons Nakano Beach. C’est l’une des nombreuses plages de sable blanc d’Iriomote. Les eaux peu profondes sont calmes et turquoises derrière la barrière de corail. Nous venons nous y baigner deux jours de suite malgré les déchets de plastique charriés sur les côtes. Nous avons la plage pour nous tous seuls comme des Robinsons. Nous sommes début mars et le climat sub-tropical nous offre des températures clémentes.

Pour changer de la baignade nous projetons une promenade jusqu’au fleuve. Cependant, pour atteindre notre but, nous devons marcher plus longtemps que prévu car la rivière n’est pas visible, cachée par la végétation.

La randonnée est très agréable, nous commençons par traverser villages et zones agricoles: rizières, pâturages pour les bovins, les chèvres, champs d’ananas, bananiers, pas de canne à sucre de ce côté comme à Okinawa. Puis plus nous approchons du fleuve et plus la jungle progresse.

L’enfer vert nous entoure, mais comme nous longeons la route aucun risque de nous perdre. Il n’est pas recommandé de suivre les chemins dans la jungle sans un guide et tous ceux qui parlent anglais avaient tous leurs tours déjà complets.Nous ne sommes pourtant que début mars mais les amateurs de pêche sont déjà là en nombre comme les fans de plongée.

Nous pouvons observer la faune locale : papillons gigantesques, rapaces, libellules mais nous n’apercevrons pas les autres habitants de l’île, des chats sauvages qui sont protégés.

Lors de notre promenade, nous avons la chance de tomber sur un restaurant ouvert. C’est une bonne surprise car nous sommes loin de notre base, loin de tout en vérité et il fait faim. Nous déjeunons donc d’un excellent bol de nouilles soba. Et nous apprenons aussi que ce restaurant est ouvert pour le dîner et que le transport est inclus !

Nous réservons donc la navette (qui viendra juste pour nous 2) et le serveur vient nous chercher en monospace à l’heure dite et nous ramènera à l’hôtel dès que nous aurons terminé le menu du soir. Et en prime, terrasse avec vue sur le coucher de soleil sur la mer. Tout ça pour même pas 20 euros à deux !

Et c’est déjà le retour vers l’île principale où nous enchaînons le ferry (qui aujourd’hui part bien du port du nord, ouf), la navette en bus du port d’Ishigaki jusqu’à l’aéroport, l’avion Ishigaki-Naha (photos de l’île et de la barrière de corail) et enfin le monorail que nous connaissons désormais par cœur.

C’est donc notre dernière occasion de manger à Okinawa. Nous allons encore dîner au hasard. Cette fois ce sont des grillades à faire soi-même. Les serveuses ne parlent pas anglais mais le menu est traduit et gentiment elles nous montrent l’utilisation du feu gaz et des ustensiles: pinces pour placer et retourner la viande et ciseaux pour couper la viande. Encore une fois la viande est extra et pour être raisonnable nous avons aussi commandé des légumes à griller et une salade de concombres.

 

Demain Kyushu !