Le front de mer de Vancouver sous les fumées des incendies de forêts, venues de l’Etat voisin de Washington au sud ou selon le sens du vent de notre province de Colombie-Britannique, elle aussi touchée par les incendies depuis la fin juillet.
Mardi 5 septembre
Les grands espaces sont très longs à parcourir… Il nous faudra un jour et demi de voyage pour atteindre Vancouver depuis Valemount. D’abord deux petites heures de route jusqu’à Jasper où nous allons prendre le train.
La route est agréable, il fait beau, peu de trafic, pause photo à Moose Lake :
Jasper est une charmante petite ville, un peu comme Canmore, les constructions sont harmonieuses et le cadre des montagnes qui nous entourent de tous côtés est splendide. De très nombreuses maisons sont converties en B&B pour la foule de touristes qui viennent à Jasper Town, une des rares villes implantées dans un parc national.
Nous déjeunons en terrasse dans un restaurant typique…grec et tuons le temps dans l’attente du départ incertain, possible mais toujours retardé de notre train. Le train est parti depuis 3 jours de Toronto et reliera Vancouver, son terminus demain peut-être.
Sur notre tronçon Jasper-Vancouver il est censé mettre 20 heures, départ en début d’après midi pour arriver en milieu de matinée. Mais ici, la ponctualité c’est à l’indienne, comme à Mumbai, personne n’est surpris de voir un retard affiché de 3 heures ! Et ce n’est que le début, car au fur et à mesure que l’après-midi avance eh bien l’horaire d’arrivée du train à Jasper recule. Nous avons donc le temps de faire 3 fois le tour de la ville, une sieste, du shopping et d’acheter de quoi manger jusque demain midi.
Mercredi 6 septembre
Photos prises le matin depuis le train : nous admirons les rivières et la ligne de partage des eaux. A partir d’ici les rivières se jettent toutes dans le Pacifique, avant elles se jettent dans l’Océan arctique. Nous traversons de petites agglomérations nées de la ruée vers l’or et longeons la rivière Fraser :
Finalement nous parvenons à atteindre l’agglomération de Vancouver et la ville de Vancouver et l’Airbnb de Geraldine (https://www.airbnb.fr/rooms/14929609) situé dans un quartier résidentiel au sud du centre-ville.
Jeudi 7 septembre:
Après avoir traversé la ville jusqu’à l’office de tourisme afin d’y récupérer un plan de la ville, nous nous rendons sur le front de mer. Les hydravions atterrissent et décollent pour joindre l’île de Vancouver et d’autres destinations, la visibilité est mauvaise du fait de la fumée des incendies. Nous continuons notre “Longue Marche” jusqu’au quartier de Chinatown où se situe notre Graal, le jardin chinois.
Construit en 1986 sur le modèle d’un jardin traditionnel de Suzhou, le jardin a été nommé en l’honneur du Dr Sun Yat-Sen, le premier Président de la République de Chine au début du XXème siècle.
Le guide, chinois, nous raconte avec ironie que Suzhou, la petite bourgade proche de Pékin d’où vient le style du jardin, est aujourd’hui une mégalopole beaucoup plus peuplée, avec ses 6 millions d’habitants, que la “petite” et tranquille ville provinciale qu’est Vancouver avec ses 600.000 habitants seulement dans la ville même (2.3 millions avec son agglomération).
Dr Sun Yat-Sen Garden est le premier jardin traditionnel à avoir été construit hors de Chine et a été bâti avec des matériaux tous importés de Chine : tuiles en terre cuite pour les toits, boiseries sculptées, fenêtres à claires voies, roches calcaires et petits galets pour couvrir le sol de la cour. L’ensemble des matériaux importés représentait 950 caisses.
Malgré sa toute petite taille, il comprend tous les éléments traditionnels : pavillons de style Ming, rochers, plantes symbolisant les vertus humaines et l’eau couleur de Jade. Pour obtenir cette eau trouble, de la glaise a été ajoutée et recouvre le fond des bassins.
Le guide nous détaille les symboles présents dans le jardin : ainsi les dalles au sol des différentes parties du jardin représentent les forces du yin et du yang: dans la zone féminines les formes sont courbes, dans la zone masculine les dessins sont carrés. Le pavillon n’est pas là pour faire joli, c’est un poste pour observer les cieux. Le poème parle de 4 lunes: celle du ciel, celle du reflet dans le lac, celle du reflet dans le verre de vin de l’érudit, et enfin la quatrième lune dans le cœur de celui qui regarde le ciel.
Le jardin n’a pas de vraies fenêtres car cela permet aux forces de la nature de pénétrer dans cet espace. Ces fenêtres ouvertes sont décorées de différents symboles en bois sculpté :
- deux svastikas enchâssées montrent les influences venues de l’Inde via le Bouddhisme,
- les 4 saisons avec les fleurs: la fleur de prunier pour le printemps, la fleur de lotus pour l’été, bambou pour l’automne, le chrysanthème pour l’hiver
- l’univers découpé en 3 parties pour les Chinois: le ciel, l’humain et ce qui vit dessous.
Le jardin est peut-être habité par les êtres surnaturels résidant dans les roches mais il l’est plus sûrement par la Madone 🙂 Non je ne fais pas de crise mystique mais Madonna est le nom donné à une des carpes koï. Cette carpe rouge vit dans le bassin et elle sort complaisamment la tête pour se faire photographier. Madonna a 53 ans et est donc une gamine car les carpes les plus vieilles peuvent vivre jusqu’à 220 ans.
Notre guide nous explique aussi les différences entre les Bonsaïs et les arbres miniatures chinois. Le terme bonsaï est le mot japonais (dérivé du terme chinois puisque l’art des arbres miniatures est né dans l’Empire du Milieu) et au Japon c’est la recherche esthétique qui prime. Alors qu’en Chine c’est l’expression de la nature qui est recherchée. Mais comme il existe des dizaines de doctrines chinoises, il est impossible d’identifier un arbre miniature japonais d’un arbre chinois.
La fleur du bambou est un motif utilisé pour les claire-voies des fenêtres, pourtant cette fleur est très rare dans la nature. Selon les espèces de bambous, la floraison a lieu tous les 5, 7, 12, … 50 ans ! Car quand un bambou fleurit, il meurt, d’où la rareté de cette floraison.
L’art des jardins chinois n’est pas seulement à observer, cet art est aussi à écouter. Les tuiles des toits sont étudiées pour former un rideau d’eau lorsque tombe la pluie, et des bananiers ou autres plantes à grandes feuilles sont plantées sous les toits et c’est donc une chanson qui ravit les visiteurs à la moindre averse.
Notre guide nous parle aussi des bois de construction, qui sont variés et pour certains très rares et très chers car ils poussent très lentement et seulement dans une province de la Chine. Les méthodes de construction sont aussi spécifiques à la Chine, des ouvriers de la région de Suzhou sont venus en nombre et pendant des mois pour procéder au montage du jardin à partir des centaines d’éléments envoyés de Chine. Comme un grand Lego, chaque pièce est à monter et ajuster aux autres sans clou ni vis. La construction traditionnelle est parfaitement respectée pour tout le jardin.
Le jardin Sun Yat Sen est de petite taille mais pour paraître plus grand il est bâti juste à côté d’un autre “parc” chinois (public) et aussi il semble 2 fois plus grand.
Nous ressortons dans Chinatown après avoir beaucoup appris, en une petite heure notre guide nous a raconté des foules d’informations sur la culture de l’Empire du Milieu. Le contraste est d’autant plus choquant en sortant car le quartier est une Cour des Miracles. Nous avons pourtant habité plus de 10 ans porte de Clignancourt à Paris mais là nous sommes impressionnés par le nombre de Sans Domicile Fixe, de tous âges, en groupes, en paires, discrets ou agressifs. On se croirait dans un téléfilm policier américain.
Vendredi 8 septembre:
Nous profitons de notre dernière journée à Vancouver pour nous rendre dans le grand parc Stanley Park. Nous longeons la baie des Anglais et entrons dans le parc après nous être arrêtés devant plusieurs sculptures modernes :
Un héron prend complaisamment la pose pour Stéphanie et pousse le vice jusqu’à le faire devant le panneau explicatif détaillant les espèces présentes dans la Baie des Anglais :
Après un déjeuner dans le restaurant chic du Tea House face à la baie où nous dévorons un très bon burger, des frites et un gâteau (oui on ne se refuse rien, mais quand même on marche beaucoup), nous poursuivons jusqu’à la roseraie où gambadent et se poursuivent les écureuils noirs :
Nous traversons Stanley Park de part en part à travers la forêt “Rain Forest”. La forêt est humide, très humide et sombre, très sombre, je frissonne de la soudaine fraîcheur. Des arbres gigantesques déracinés laissent voir leurs énormes racines. Comparés aux souches de ces arbres, nous nous faisons l’effet de lilliputiens perdus au pays des géants. Pendant ce temps, la vie continue et une grosse limace verte avec des points noirs traverse le chemin à nos pieds.
Notre balade se termine avec le tour du lagon perdu, c’est le lagon qui est perdu, bien sûr, pas Stéphanie avec son légendaire sens de l’orientation 🙂
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