Samedi 2 décembre 2017
Vol vers l’aéroport de Trelew-Puerto Madryn après une escale à Ushuaïa. Nous avons donc l’occasion de poser le pied en Terre de Feu. Ce n’est pas la terre qui crache des flammes, ce sont les indiens qui faisaient des feux pour se réchauffer qui a donné son nom à ce « bout du monde ». Nous avons la chance de survoler la baie sous le soleil mais nous sommes contents de ne pas rester sous ces fraîches et ventées latitudes.
Stéphanie est contente car nous réservons pour le lendemain l’excursion jusqu’à la colonie de pingouins, nous verrons pour la première fois l’espèce des manchots de Magellannie 🙂 L’agence ne nous garantit pas que nous verrons aussi des baleines franches australes car la saison est normalement terminée début décembre mais “on sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher”.
Dimanche 3 décembre 2017
La côte de Patagonie entre Puerto Madryn et la péninsule Valdès est étonnante : elle donne sur l’Atlantique mais le climat est désertique et il n’y pleut quasiment jamais. Les colons européens, des Gallois, malgré leur entêtement à s’établir là, ont dû mendier l’aide des indiens et déménager leurs colonies vers l’embouchure du seul fleuve, le fleuve Chubut au sud. Cela leur a permis de survivre : des aqueducs ont ensuite été construits pour amener l’eau à Puerto Madryn depuis la vallée du Chubut (60 kilomètres).
Sur la route vers la péninsule Valdès, nous voyons des guanacos (cousins des lamas), des lièvres, des moutons et des maras, une espèce de gros rongeurs déjà aperçus à Buenos Aires. La péninsule Valdès est un parc naturel protégé immense de 3625 kilomètres carrés, pourtant l’essentiel de la surface est propriété privée avec une cinquantaine de grandes estancias dédiées à l’élevage de moutons avec dans certaines estancias une activité d’agritourisme.
Dans le parc, la faune locale est protégée ce qui gêne les éleveurs car les guanacos font une grande concurrence aux moutons sur ces terres pauvres. Le guanaco prospère insolemment depuis la création du parc car il est plus adapté au terrain. Contrairement aux moutons, le guanaco ne broute que le haut de la végétation et ses pattes n’ont pas de sabots ce qui favorise la repousse de la maigre végétation steppique.
Arrêt dans un petit musée où trône le squelette d’une baleine franche australe. Le musée offre une vue sur l’îlot qui aurait inspiré à Antoine de Saint-Exupéry l’image du boa qui a mangé un éléphant dans le «Petit Prince». Saint-Exupéry a souvent survolé la zone lorsqu’il travaillait pour l’Aéropostale.
200 kilomètres jusqu’au port de Puerto Piramidès soit presque 400 kilomètres dans la journée mais la route est agréable car notre guide et notre chauffeur sont passionnés de nature et nous expliquent la faune et la flore que nous croisons tout au long de la journée. La péninsule Valdès est inscrite au Patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO depuis 1999, nous apercevons aussi tatous, émeus (“choique”) et lézards mais sans être assez rapides pour les photographier.
Nous mettons les gilets de sauvetage et nous embarquons au petit bourg de Puerto Piramidès pour une croisière à la rencontre des dauphins, des oiseaux, des colonies de phoques, leurs cousins géants éléphants de mer… et peut-être des baleines : la guide nous dit qu’elle les a encore vues hier donc l’espoir nous est permis 🙂
Une bande de dauphins s’approche déjà du bateau :
Nous voyons pendant cette excursion une foule d’oiseaux : des cormorans, des albatros, des pétrels et des bébés chouettes dans leur nid (une petite chouette et une tout petite à côté) 🙂
Nous avons donc la chance avec nous : nous pouvons voir plusieurs baleines avec leur baleineau. La baleine franche australe mesure jusqu’à 18 mètres et pèse jusqu’à 80 tonnes. Les baleines rencontrées sont des jeunes femelles qui s’occupent de leur “petit”, le baleineau dévore jusqu’à 125 litres de lait maternel par jour. Vorace, le bébé 🙂
La plage et les rochers abritent une colonie de phoques de couleur noire ou grise qui se prélassent paresseusement, surtout bouger le moins possible 🙂
Ils restent sur cette page pour la mue, la saison des amours est passée. Un peu plus loin, leurs cousins géants (les mâles mesurent jusqu’à 6 mètres et pèsent 4 tonnes, les femelles sont elles “poids plumes” avec seulement 800 kilos) , les éléphants de mer se livrent à la même activité intense :
Déjeuner au ranch, les menus sont énormes avec assiettes de fromages, de saucisson et de la viande de mouton en quantité familiale, nous aurions pu prendre 1 plat pour 2, ça aurait suffi. Pas grave, nous emportons le reste pour le diner ce soir.
Nous arrivons à la réserve des manchots de Magellannie, un spectacle unique au monde. Même s’ils ne volent pas ce sont des oiseaux ! D’ailleurs, ça sent le poulailler dans leur réserve ! Et les plumes de duvet volent un peu partout sur le gravier.
Les pingouins, incroyable, nous marchons avec les pingouins ! Petits animaux d’environ 45 centimètres, ils sont tout proches, c’est tentant mais interdit de les toucher et ils traversent le chemin devant nous puis s’arrêtent sachant que le code de la route ici est très clair : “Pingouin engagé, pingouin prio !”.
Nous attendons patiemment que les manchots décident d’avancer, nous voyons des animaux en sang, ils doivent se battre pour le nid ou échapper aux phoques qui peuvent les poursuivre comme proies de second choix, la préférence des phoques allant aux calmars et aux poissons.
Les manchots sont dans la réserve par milliers pour se reproduire en novembre et se sont battus pour les meilleurs nids, les plus proches de l’eau ou les mieux protégés du vent. Chaque couple de manchots élève 1 ou 2 poussins dans son nid.
A notre passage, il reste encore des œufs couvés mais il est probable que les œufs n’écloront malheureusement plus en ce début décembre. Certains poussins sont tout petits mais la plupart sont éclos depuis plusieurs semaines et sont déjà des petits manchots de bonne taille. La colonie est unique au monde et étudiée par les scientifiques de tous pays depuis des décennies.
Un adulte reste dans le nid pour s’occuper des poussins et l’autre adulte se trouve sur la plage pour pêcher ou se reposer :
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