Salta

Vendredi 3 novembre

Après une escale à Buenos Aires, nous arrivons à Salta (pas de vol direct depuis Posadas), “capitale” régionale de 600.000 habitants au pied des Andes. Nous prenons possession du Airbnb de Lucia (https://www.airbnb.fr/rooms/21439664) qui dispose d’une piscine de poche sur le toit.

Mais nous n’avons pas le temps de buller autour de la piscine car nous devons filer à l’agence de voyages Altro Turismo (www.altroturismo.com) afin de pouvoir mettre à profit notre court séjour de 4 jours dans cette région. Nous payons nos 3 excursions en cash car le paiement par carte bleue, qui nous aurait arrangé vu les problèmes pour le retrait d’argent, est facturé 30% plus cher 🙁

Samedi 4 novembre

Nous partons pour l’excursion jusqu’à Cachi et faisons route à travers des cols à 4000 mètres avec des vues sur les montagnes qui culminent à 6500 mètres et font partie de la cordillère des Andes.

La cordillère, chaîne nord-sud de 7100 kilomètres, forme une barrière climatique qui empêche le passage des influences du Pacifique, pourtant tout proche : les seules pluies viennent de l’Atlantique situé à des milliers de kilomètres. Comme au Pérou, les hauts plateaux sont l’Altiplano ou puna.

Les rares habitants (gauchos) de cette région aride sont subventionnés pour l’énergie avec gaz et panneaux solaires fournis pour quelques pesos par mois.  Le long des routes de gravier, nous voyons leurs chevaux qui se reposent et broutent dans l’attente du prochain voyage. L’autre moyen de transport populaire est la mobylette, sinon il y a des bus. Les habitants de la montagne ont très rarement les moyens d’acheter une voiture.

La région de Salta avait connu un essor touristique considérable avec les congés de l’ère Perón dans les années 50 : les riches porteños (habitants de Buenos Aires) s’y rendaient en vacances en empruntant le train depuis la capitale. La dictature militaire des années 70 et 80 a licencié les employés (pro-Perón) de la compagnie ferroviaire  et détruit les rails, plongeant la région dans la ruine.

C’est le printemps et nous admirons un festival de couleurs sur la route : les jacarandas exhibent leurs fleurs violettes, l’arbre symbole de l’Argentine, le ceibo, montre des fleurs rouges et le tipa ses fleurs jaunes.

Ces arbres natifs côtoient des arbres importés d’Europe, la vallée au sortir de Salta est connue pour ses arbres fruitiers : pommes, poires, abricots… Un petit paradis avant l’ascension vers la montagne.

Arrêt pour discuter avec les lamas et les chèvres :

Stéphanie pose à côté d’un cactus cardone centenaire mais elle ne fait pas l’erreur de l’embrasser comme l’a fait un autre touriste juste après :

En route pour Cachi notre guide nous raconte l’histoire de la route qui porte le nom d’un jésuite du 17ème siècle: la cuesta del obispo (Cortazar?). Cet humaniste s’était opposé à l’exploitation des enfants indigènes dans les mines voisines de Bolivie.

Avec bien des efforts, il avait réussi à sauver une cinquantaine d’enfants de ce sort terrible et avait entrepris de leur donner une vie digne. Les enfants étaient une main d’œuvre très recherchée car assez petits pour se glisser dans les mines, ils étaient enlevés dans leurs villages par les militaires espagnols et conduits en caravanes vers le Potosi et les autres mines des Andes. Malheureusement, il fut remplacé par un autre Jésuite, qui lui avait tout intérêt à continuer l’esclavage car il était l’un des financiers de ces mines.  Notre bon jésuite s’est refusé à lâcher son poste et a écrit en Espagne pour expliquer son cas. Malheureusement, personne à Madrid n’avait d’intérêt à écouter ses requêtes et il est mort en captivité. Les quelques enfants qu’il avait commencé à éduquer ont fini leur vie dans les mines.

En route pour le Parque Los Cardones

Les cactus de l’espèce cardones sont protégés car ils sont fragiles. Pendant les 50 premières années de sa vie, le cactus cardones ne grandit presque pas, il fabrique sa racine pour pouvoir résister à la sécheresse et au vent. Ensuite seulement, il prend de la hauteur à raison d’un centimètre par an, droit vers le ciel ou avec quelques branches.

Entre le parc et Cachi, encore des cactus

Déjeuner d’empanadas (chaussons fourrés au poulet, viande ou légumes) et de risotto de quinoa en compagnie de Marion, une touriste américaine, dans la petite ville de Cachi

Panoramiques du parc national Los Cardones :

Dimanche 5 novembre

Excursion à Salinas Grandes : nous commençons notre excursion en longeant le parcours du “train des nuages”, un des trains les plus hauts du monde car il monte à 4.200 mètres. Construite il y a un siècle, la voie est souvent en réfection et le train ne circule pas cette semaine. La route et la voie verrée ont toutes les deux des parcours vertigineux, Stéphanie est contente de ne pas avoir à conduire sur ces lacets.

Les salines avec la maison construite en pierre de sel et les bacs où le sel est extrait 2 fois par an (début du printemps). Le tourisme (babioles en sel…) rapporte plus que la saline elle-même.

Les explications du petit musée archéologique, si, si des scientifiques de tous les pays viennent jusqu’au fin fond des montagnes pour étudier les peuples qui ont vécu aux Amériques il y a plusieurs millénaires, tout cela en analysant les cailloux.

Nous avons choisi de nous épargner le trajet retour jusqu’à Salta en restant dormir dans un petit hôtel au village de Purmamarca. Les maisons de ce village sont jolies et la place principale où se tient le marché abrite aussi l’église :

Lundi 6 novembre

Avant l’arrivée des hordes de touristes à Purmamarca, nous profitons du calme du début de la matinée pour randonner dans les montagnes arc en ciel. Le chemin est fréquenté au départ par quelques touristes mais nous sommes bientôt seuls, entourés uniquement par des superbes montagnes colorées.

Les couleurs de ces montagnes sont dues à différents stades d’oxydation du fer :

Excursion à la quebrada de Humahuarca

Nous nous arrêtons sur le site des ruines de la cité antique de Tilcara, datant de 10.000 ans, située sur une colline avec une vue panoramique sur les montagnes colorées.

Nous restons très peu de temps sur le site antique et nous courons jusqu’au sommet avant de repartir sans même avoir le temps de visiter sérieusement les cactus du jardin botanique :

Le jardin de cactus de Tilcara :

Nous nous arrêtons pour une visite à l’église cuzcaienne de Uquia qui a la particularité d’abriter des peintures représentant les anges très originales. En effet ces anges sont peints avant le début d’une guerre avec les démons et arborent un costume militaire…avec des arquebuses comme les conquistadors.

Le village d’Uquia offre des jolies poteries sur son marché mais nous ne pouvons pas porter des poteries pendant des mois avant de les ramener en France. Sur la place de l’église, des enfants gagnent quelques pesos en chantant des airs pour les touristes et les fidèles.

Nous déjeunons avec le groupe au village de Humahuaca puis nous montons avec Stéphanie sous un grand soleil et le vent patagon jusqu’au monument aux héros de la patrie argentine. Lors de la guerre faisant suite à la séparation de l’Argentine avec la Grande Colombie au XIXème siècle, les Argentins, en infériorité numérique, ont eu recours à une ruse pour faire douter les Colombiens.

Ils ont ainsi eu l’idée d’habiller les cactus cardones avec des ponchos, et de loin, avec le soleil dans les yeux les Colombiens ont cru avoir affaire à une grande armée et ont donc évité le combat, s’exposant alors à des attaques de guérilla et à un long chemin sans ravitaillement.

Mardi 7 novembre 2017

Nous profitons de notre dernière journée à Salta pour visiter la ville qui a beaucoup de charme avec ses places arborées, ses bâtiments et églises coloniales :

Les églises de Salta et son quartier jésuite (notamment le couvent et le cloître de San Bernardo) :

Nous sonnons à la porte du musée privé des Arts ethniques américains (www.museopajchasalta.com.ar) et sommes introduits dans le “saint des saints” par Diego, guide cabotin qui connaît quelques mots de toutes les langues européennes et nous gratifie à chaque phrase de “Excellent”.

Ce petit musée abrite sur 2 étages des pièces intéressantes et met en rapport les pièces anciennes et modernes d’Amérique Latine avec des œuvres de tous les pays du nord au sud du continent: