Tokyo

Vendredi 20 avril 2018

Excursion en train à Kamakura, un court trajet d’1 heure vers le sud depuis Tokyo. Arrivés à la gare, nous sommes accueillis par les guides bénévoles (KWGA). Sur leurs conseils, nous commençons par visiter d’abord le sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu, créé il y a plus de mille ans. Protecteur du clan Minamoto, fondateur du shogunat, le sanctuaire a été déplacé à Kamakura lorsque la ville est devenue capitale du shogunat à la fin du XIIème siècle. Cette période Kamakura (1192-1333) est un épisode très important de l’histoire du Japon : c’est à Kamakura qu’est né le premier gouvernement militaire ou shogunat. L’empereur était à Kyoto ou Nara avec sa cour mais le pouvoir était ici, entre les mains du shogun.

Dans cette période, les échanges avec la Chine ont permis l’arrivée du Bouddhisme, notamment le bouddhisme zen avec son architecture, ses sculptures et aussi l’artisanat (le travail de la laque…).

Juste à coté du sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu, nous visitons le jardin de pivoines : la floraison des pivoines est en avance dans la saison (mai) et le muguet est lui aussi en fleur. Nous continuons avec un déjeuner en terrasse avec d’excellentes nouilles soba et des tempuras (beignets de légumes) parfaitement réussis, elle est pas belle la vie ?

Rendez-vous à treize heures pour la visite du Grand Bouddha en bronze (13 mètres) avec notre guide francophone Eiko. Le shogun a voulu imiter le Daibutsu de Nara. A l’entrée du site, les 2 lion-chiens (“Komainu”) montent la garde éternellement : le lion-chien de droite a la gueule ouverte, pour dire “ah !”, c’est le cri du nouveau-né et c’est aussi la première lettre de l’alphabet japonais. Le lion-chien de gauche a la bouche fermée pour dire “mmm”, le dernier son du mourant et aussi la dernière lettre de l’alphabet. Ces gardiens sont donc là pour veiller sur le Daibutsu du début à la fin des temps.

Un peu plus loin, nous voyons une autre paire de gardiens lions qui eux ont toutes les deux la bouche fermée : ce sont des Shishi de style chinois offerts par Taiwan. Nous nous approchons du grand Bouddha. L’impression est très différente de Nara. Le bâtiment qui protégeait la statue a été plusieurs fois détruit par des typhons et n’a pas été reconstruit.

Ici le Bouddha se présente donc en plein air, il semble plus accessible, moins intimidant malgré sa taille. Nous pouvons rentrer à l’intérieur du Grand Bouddha car la statue en bronze est creuse. Elle a été construite par morceaux et nous voyons clairement les jointures en lignes horizontales et verticales comme un grand kit.

 

Stéphanie visite un second temple avec sculptures et statues en bois (gardiens Nio), jardins zen de pierre, jardins de fleurs, jardin de bambous, terrasse avec vue sur la ville et la plage, caverne avec des statues. C’est le temple Hasedera, le temple de Kannon, la déesse de la miséricorde. Une statue de Kannon en bois doré et ses onze têtes en est le centre.

Enfin nous arrivons à la plage et je me baigne, même s’il n’y a que des surfeurs en combi dans l’eau car l’eau est encore fraîche (17°). Nous avons un petit creux mais nous attendons d’avoir quitté le bord de mer pour acheter notre goûter car les rapaces sont à l’affut et des panneaux dissuadent les baigneurs de les tenter : “ne pas marcher avec de la nourriture”.

Samedi 21 avril 2018

Balade dans le quartier de Chiyoda avec le parc du Palais Impérial qui comptent des pelouses fermées au public et des espaces immenses vides avec seulement du gravier autour du Palais. Après avoir cherché longtemps leur porte d’entrée, nous pénétrons dans les East Gardens et Stéphanie “tombe en amour” pour les jardins avec les glycines et reste scotchée par les massifs d’azalées, elle voudrait y revenir tous les jours :

Dimanche 22 avril 2018

Journée tranquille avec une promenade au parc voisin de notre B&B où nous admirons les glycines en fleurs et la rivière. Après nos achats (Lonely Planet Scandinavie) dans la librairie géante Maruzen qi occupe une partie des 4 niveaux du mall, nous déjeunons à côté de la librairie. Comme les enfants, Stéphanie met une serviette pour éviter de maculer son T-Shirt orange en mangeant ses nouilles soba 🙂

Lundi 23 avril 2018

Visite guidée du quartier Asakusa avec Masahiko (Masa Suzuki). Notre guide parle anglais, il est écrivain de romans historiques. Masahiko est féru d’histoire et connait presque tout sur l’ère Edo. Il commence par nous expliquer des aspects très contemporains : l’immeuble jaune est surmonté d’étages blancs, L’immeuble appartient à un conglomérat qui possède la bière Asahi, il est donc censé figurer un pichet de bière.

La tour à côté est la “Tokyo Skytree” : plusieurs plate-formes d’observation sont ouvertes au public mais aujourd’hui le temps est couvert. Dommage car il parait que l’on voit jusqu’au Mont Fuji depuis cet observatoire de la Skytree.

Masahiko nous fait monter à la plate-forme d’observation du centre d’information pour nous donner une vue d’ensemble du temple Senso-ji et des quelques maisons traditionnelles à deux niveaux qui existent encore autour du temple. Le temple a été fondé au VIIème siècle, lorsqu’une statue de Bouddha a été pêchée dans la rivière Sumida. A cette époque la future Tokyo n’était qu’une bourgade de pêcheurs : il a donc fallu faire appel aux moines de Kyoto pour fonder un temple ici. Aujourd’hui encore la statue est préservée cachée dans le temple et non ouverte au public.

Tokyo est une ville récente, 4 siècles ce n’est rien à l’échelle du Japon. Nous commençons par la Porte du Tonnerre et ses guerriers symbolisant la foudre et le vent. En effet, l’orage et la pluie sont des phénomènes importants car la culture du riz en dépend : les célébrations avec processions ont lieu 2 fois par an : en mai avant la plantation pour augurer une bonne récolte, et ensuite en octobre après la récolte pour remercier les dieux.

La grosse lanterne à l’entrée fait la joie des touristes, il faut fendre la foule pour pouvoir admirer le dragon sur sa face inférieure. Elle a été financée par la compagnie d’électricité et Panasonic. Entre cette première porte (porte du tonnerre: kaminari mon) et la seconde porte s’étire une rue de petites boutiques (Nakamise dori). C’est l’occasion de parler des pâtisseries locales comme le pain au melon mais aussi des 7 Dieux de la chance que nous avons déjà rencontrés à Matsumoto. Les Japonais placent une effigie des dieux de la chance sous leur oreiller la nuit du Nouvel An pour s’assurer d’une bonne nouvelle année.

La suite de la visite est assez impressionnante car un office des morts est en cours et nous entendons le chant des bonzes et les tambours. Masa nous explique comment utiliser le “distributeur” de chance (Omikuji). Vous faites une offrande, vous piochez un papier qui vous donne un numéro, vous trouvez la fiche correspondant à votre numéro et vous êtes fixés sur votre avenir.

Le temple shinto Asakusa jinja, miraculeusement épargné par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, un des rares temples où les dragons ont des ailes. Les dragons asiatiques (Chine, Japon) n’ont pas d’ailes et tiennent une boule de cristal, symbole de leur rôle magique. Masa nous explique le rituel, légèrement différent du rituel bouddhiste. Comme chez les musulmans, commencez par une purification avec de l’eau. Lavez votre main gauche puis la droite, puis la bouche, puis relavez la main gauche qui a touché votre bouche et rincez votre louche pour le fidèle suivant. Ensuite, inclinez vous deux fois devant le temple, tapez deux fois dans vos mains puis inclinez vous encore une fois. Voilà, vous êtes maintenant un peu japonais.

La seconde partie de la visite est … culinaire ! Nous allons parcourir la rue de la cuisine “Kappa-Bashi Street”. Sur 800 mètres se trouvent plus de 170 boutiques qui vendent tous les éléments pour ouvrir son restaurant ou son café. Cette concentration sectorielle a commencé en 1912. Sous la restauration Meiji, les Japonais ont découvert la cuisine occidentale et elle leur a beaucoup plu. Mais ils n’avaient pas les outils pour réaliser les recettes eux-mêmes. Et La spécialisation de Kappa Bashi a commencé pour cela.

Couteaux de luxe que vous pouvez graver à votre nom, pour gaucher ou droitier; vaisselle, uniformes, baguettes (vous pouvez même apprendre à les faire vous-mêmes !)… Saviez-vous que les baguettes sont sexuées ? C’est à dire que les baguettes pour homme et celles pour femme diffèrent par leur longueur et leur code couleur. La boutique spécialisée vend des baguettes de toutes couleurs et de toutes tailles dont des petites toutes mignonnes pour les enfants.

Nous visitons les boutiques de répliques en plastique : souvent devant les restaurants nous avons vu des maquettes des plats et cela nous a bien aidés à choisir notre repas. Ces maquettes sont faites à la main, c’est un travail d’artiste et elles sont donc un investissement pour les restaurateurs. Ils apportent un exemple de leur plat et ensuite tout un processus de reproduction est réalisé : moulage en cire du plat, remplissage du moule avec des résines avec la bonne couleur ou transparence, démoulage, découpage, ponçage, peinture et enfin assemblage. Le résultat est bluffant ! Je veux une crêpe : elles ont l’air tellement vraies 🙂

Le nom de la rue n’a rien à voir avec la cuisine : Kappa est un animal fantastique des cours d’eau qui tient de la grenouille, du canard et du singe. Son effigie est partout dans la rue. Et Bashi signifie le pont, cela reflète la position de la rue au bord de la rivière Sumida.

Lors du chemin du retour, nous croisons des boutiques d’articles religieux : tout pour votre temple ou autel, bouddhique ou shinto. Là aussi il y a spécialisation, sur deux rues nous comptons une vingtaine de boutiques, et leurs vitrines sont plus jolies qu’à Lourdes.